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Citations

Samson s’écria : Que je meure avec les Philistins ! Puis il pesa de toutes ses forces, et l’édifice s’effondra sur les princes et sur tout le peuple qui se trouvait là. Ceux qu’il fit mourir en mourant furent plus  nombreux que ceux qu’il avait fait mourir pendant toute sa vie. 

Le Livre des Juges

Les Philistins livrèrent bataille à Israël et les Israélites s’enfuirent…Les Philistins serrèrent de près Saül…Les tireurs d’arc le surprirent et il fut blessé par les tireurs. Alors Saül dit à son écuyer : ‘Tire ton épée et transperce-moi, de peur que ces incirconcis ne viennent et ne se jouent de moi’. Mais son écuyer ne voulut pas, car il était rempli d’effroi. Alors Saül prit son épée et se jeta sur elle. Voyant que Saül était mort, l’écuyer se jeta aussi sur son épée et mourut avec lui. 

Le Livre de Samuel

L’épée meurtrière est dressée de façon que, même en y songeant à loisir, elle ne pourrait mieux pénétrer. Ce don de Hector, de cet hôte très détesté et odieux à voir, il est enfoncé dans la terre ennemie de Troie. J’en ai récemment aiguisé le fer sur la pierre, et je l’ai fixé et apprêté pour qu’il me soit bienveillant et que je meure promptement. 

Sophocle, Ajax, ca 445 BC

« Sur le rocher se trouvent le sanctuaire d’Apollon de Leucade et l’endroit où l’on saute pour se guérir de l’amour : là où, dit-on, la première, Sappho, selon Ménandre, qui poursuivait le superbe Phaon, piquée par l’aiguillon du désir se jeta du rocher brillant au loin… »                                                        

Strabon, Geographica, 20 BC – 23 PC

Après cela, du même coup, il s’ouvre avec le fer les veines du bras. Sénèque, devant le lent écoulement du sang qui affectait son corps sénile et affaibli par les privations, se rompt aussi les veines des jambes et des jarrets ; épuisé par de cruelles tortures, ayant peur de briser par la souffrance le courage de son épouse et lui-même, en voyant les tourments de sa femme de s’abandonner à la faiblesse, il la persuada de se retirer dans une autre chambre. 

Tacite, Annales, XV, An 6

Quand Néron a entendu les bruit des chevaux des hommes qui approchaient pour le capturer, il a parlé grec pour citer un célèbre vers de l’Illiade : Le galop des coursiers résonne à mes oreilles, puis il s’est planté un couteau dans la gorge avec l’aide d’Epaphroditus.

Suétone, La vie des douze Césars, 119-122

« Mon honneur repose alors sur ce couteau 
qui déchire mon corps déshonoré.
L’honneur met fin au déshonneur ;
quand elle mourra, il survivra. » 

William Shakespeare, Le viol de Lucrèce, 1594

Tous les inconvénients ne valent pas qu’on veuille mourir pour les éviter.

Michel de Montaigne, Les Essais, 1595

Qui est là, de par Belzébuth ! C’est un fermier qui s’est pendu en attendant une bonne année.

William Shakespeare, MacBeth, 1623

Finalement, m’étant souvenu que mon épée était là dans ma chambre à la tête de mon lit, avec accrochée à elle des cierges bénis, et éprouvant aussi un agacement croissant parce que je n’avais pas de lumière, au désespoir j’ai pris ladite épée, puis l’ayant tirée de son fourreau, j’ai fixé sa poignée dans mon lit avec la pointe vers mon flanc, puis je me suis jeté sur l’épée faisant en sorte qu’elle entre par la force dans mon corps, et j’ai été transpercé de part en part, et en me jetant sur l’épée, je suis tombée avec elle sur le pavement et je me suis blessé, et j’ai commencé à hurler, alors Francesco est accouru, et il a ouvert la fenêtre alors que le jour était déjà levé, et il m’a trouvé sur le sol, et lui et d’autres qu’il avait appelé m’ont ôté cette épée du flanc.

Francesco Borromini, Déclaration de tentative de suicide, 2 août 1667

Mais voici ce que j’apprends en entrant ici, dont je ne puis me remettre, et qui fut que je ne sais plus ce que je vous mande : c’est qu’enfin Vatel, le grand Vatel, maître d’hôtel de Mr Fouquet, qui l’était présentement de Mr le prince, s’est poignardé.

Mme de Sévigné, Lettre à Mme de Grignan, 24 avril 1671

Les lois sont furieuses en Europe contre ceux qui se tuent eux-mêmes. On les fait mourir, pour ainsi dire, une seconde fois ; ils sont traînés indignement par les rues ; on les note d’infamie ; on confisque leurs biens. Il me paraît, Ibben, que ces lois sont injustes.

Montesquieu, Lettres persanes, 1721

La religion païenne défendait l’homicide de soi-même, ainsi que la chrétienne ; il y avait même des places dans les enfers pour ceux qui s’étaient tués.

Voltaire, Du suicide ou de l’homicide de soi-même, 1739

Les Trois Garçons : – « Dieu te punira si tu te suicides.
Pamina : – Plutôt mourir par ce fer
Que périr du chagrin de l’amour. »

Emanuel Schikaneder, La Flûte enchantée, 1791

« Ce que j’ai ? dit 
Rolla, tu ne sais pas, ma belle,
Que je suis ruiné depuis hier soir ?
C’est pour te dire adieu que je venais te voir. 
Tout le monde le sait, il faut que je me tue. »

Alfred de Musset, Rolla, 1833

Le suicide est l’effet d’un sentiment que nous nommerons l’estime de soi-même, pour ne pas le confondre avec le mot honneur. 

Honoré de Balzac, Les Illusions perdues, 1837-1843

C’est toujours ainsi chez les Asiatiques. Ils s’abreuvent d’abord de bouza, puis ils se tranchent la gorge.

Mikhaïl Lermontov, Un héros de notre temps, 1840

Je me tue parce que je ne veux plus vivre… 

Charles Baudelaire, lettre du 30 juin 1845

« – Comment s’est-elle donc empoisonnée ?
Je l’ignore, docteur, et même je ne sais pas trop où elle a pu se procurer cet acide arsénieux. »

Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857

« Parce que la critique n’aura pas trouvé, en Gros vieillissant, la force de la maturité et la fougue heureuse de sa jeunesse, et qu’elle aura signalé une main défaillante comme dans les derniers tableaux de Poussin, elle aura jeté Gros dans les bras du suicide, l’aura égaré une nuit dans la campagne et l’aura poussé dans une mare ? Y avez-vous réfléchi ? »

Alexandre Dumas, Causeries, 1860

« Le suicide n’est pas une lâcheté comme le disent les prêcheurs qui exagèrent. Ce n’est pas non plus un acte de courage. C’est une lutte entre deux craintes. Il y a suicide quand la crainte de la vie l’emporte sur la crainte de la mort ».

Victor Hugo

« Je serais incapable de m’appuyer un pistolet sur la tempe et de presser la détente ; il y a quelque chose de plus fort que moi qui m’en empêche ; et bien que j’aie la vie en horreur, je n’ai pas en moi le courage physique nécessaire pour affronter la mort et en finir ? C’est pour des gens comme moi et pour ceux qui sont au bout du rouleau mais qui ont peur du scandale posthume, que le Club du Suicide a été fondé. »

Robert Louis Stevenson, Le Club du suicide, 1882

« Ce n’est rien : une femme qui aime un officier et qui se tue. »

Léon Tolstoï à propos d’Anna Karenine, 1885

« La pensée du suicide est une puissante consolation ; elle aide à passer plus d’une mauvaise nuit ».

Frédéric Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 1886

« Le suicide résulte directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif accompli par la victime elle-même et qui sait devoir produire ce résultat ».

Emile Durkheim, Le Suicide, 1897

« Que de gens ont voulu se suicider, et se sont contentés de déchirer leur photographie ! ».

Jules Renard, Journal, 1887-1910

« Il y a douze ans, ne sachant plus que faire et condamné par une série de malchances à la dure nécessité de me pendre ou de m’aller jeter dans le Seine, je me présentai aux élections législatives – suprême ressource – en un département où, d’ailleurs, je ne connaissais personne et n’avais jamais mis les pieds. »

Octave Mirbeau, Le Jardin des supplices, 1899

« Le doigt sur la tempe n’est pas le canon d’un revolver. »

André Breton, Lune de miel, 1921

« Un jour à la maison il prit un couteau et dit : je vais me couper la gorge. Sa mère croyait qu’il était malade. Il ne pouvait pas dire ce qu’il avait. Il allait avoir neuf ans. » 

August Strindberg, Le fils de la servante, 1921

AGENCE GENERALE DU SUICIDE
Procure une MORT ASSUREE et IMMEDIATE, ce qui ne manquera pas de séduire ceux qui ont été détournés du suicide par la crainte de « se rater ». C’est en pensant à l’élimination des désespérés, élément de contamination redoutable dans une société que M. le ministre a bien voulu honorer notre établissement de sa présidence d’honneur.
Société reconnue d’utilité publique.
Capital : 5.000.000 de francs.
Siège principal à Paris : 73, Boulevard de Montparnasse.
Succursales à Lyon, Bordeaux, Marseille, Dublin, Monte-Carlo, San Francisco.

Jacques Rigaut, 1925

Il tira la couverture qui couvrait la tête de l’Indien. Sa main fut toute mouillée. Il monta sur le bord de la couchette inférieure, une lampe à la main, et regarda. L’Indien était étendu, le visage contre le mur. Sa gorge était tranchée d’une oreille à l’autre. Le sang s’était écoulé, formait une flaque à l’endroit où le corps faisait fléchir la couchette. Sa tête reposait sur son bras gauche. Un rasoir ouvert était sur les couvertures, la lame en l’air. 

Ernest Hemingway, le Village indien, 1928

« Pourquoi a-t-il fait ça ? Se tuer, à son âge, comme une modiste, murmura-t-il avec une espèce de dégoût, pour de l’argent…Combien de fois déjà il avait tout perdu, et il faisait comme tous les autres, il recommençait…C’est la vie. » 

Irène Némirovsky, David Golder, 1929

« Le vétérinaire hausse les épaules : – Voici encore un pauvre chien qui se laisse mourir de faim, qui se suicide ! »

Claire Goll, Ménagerie sentimentale, 1930

« La tache grise de ses vêtements, la silhouette, suffirent à Maigret pour reconnaître William Crosby, mais il eut été bien difficile d’identifier le visage. L’Américain, en effet, s’était tiré une balle de revolver dans la bouche, à bout portant, et il avait la moitié de la tête emportée. »

Georges Simenon, La Tête d’un homme, 1931

« Philip poussa un cri et se cacha les yeux. La malheureuse pendait au bout d’une corde. Elle avait fixé l’autre extrémité à un crochet du plafond, planté là autrefois pour retenir les rideaux du lit. Puis elle avait écarté son grabat et, grimpé sur une chaise, l’avait ensuite rejetée d’un coup de pied. La chaise gisait par terre. »

William Somerset Maugham, Servitude humaine, 1934

« Un dernier devoir. Vivre en société consiste à aider son prochain. Il n’est chagrin, douleur, malheur ou désespoir qui puisse légitimer le suicide, tant que la force d’être utile à autrui subsiste en nous .Mais lorsqu’on ne sert plus à rien ni à personne, lorsqu’on sait sa fin imminente et inéluctable, le droit le plus élémentaire d’un être humain est de préférer une mort douce et rapide à une lente et douloureuse agonie. L’opinion publique est en train d’évoluer à ce sujet. Le temps est proche où nous considérerons comme indigne d’une société civilisée de forcer un être humain à endurer d’interminables souffrances que l’on épargnerait par charité chrétienne à n’importe quelle autre créature. Convaincue que le choix que je fais pourra être utile à mes prochains en contribuant à faire avancer la cause de l’euthanasie, j’ai préféré le chloroforme au cancer. »

Charlotte Perkins Gilman, Lettre d’adieu, 17 août 1935

« Paul, épuisé, laissa rouler sa tête. Elisabeth crut que c’était la fin, appuya le canon du revolver contre sa tempe et tira. »

Jean Cocteau, Les Enfants terribles, 1935

« A la fin de la semaine, les journaux annoncèrent àn grands coups de manchette : Disparitions d’une reine de beauté !
On ne retrouve plus trace de Miss Battersea !
Crime, suicide ou accident ?

Jean Ray, Les plus difficiles de mes causes, 1935

« Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est celui du suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. »

Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, 1942

« Poignardés, noyés, précipités,
Brisés par les roues du train,
Suicidés vous n’avez pas gagné. »

Robert Desnos, Suicidés, 1943

« Un professeur célèbre est arrêté – jeté dans une cellule de la Gestapo à Fresnes. On le torture pour savoir des noms. Il résiste…Il résiste…Mais enfin, il est à bout de force. Il a peur de lui-même. Il déchire sa chemise et se pend… »                                                                                                                              

Joseph Kessel, L’Armée des ombres, 1943

« Je trahirai demain. Pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd’hui, je n’ai rien à dire.
Je trahirai demain.   

Marianne Cohn, Je trahirai demain, 1944

« – Ah ah ? Et comment est-il mort ?
Il y a deux hypothèses, répondit calmement Kathryn : suicide ou assassinat. »

John Dickson Carr, Suicide à l’écossaise, 1946

« Il est notoire, continua Steve Grange, que les suicidés prennent parfois toutes sortes de précautions pour éviter toute souffrance. S’ils veulent se pendre, par exemple, ils rembourrent la corde. Ils se tirent rarement un coup de revolver dans l’œil, bien que ce soit le moyen le plus sûr de ne pas se manquer. Vous les verrez mettre un coussin devant le réchaud à gaz, pour que leur tête soit plus à l’aise. »

Carter Dickson, Je préfère mourir, 1946

« Je ne vais pas me marier, dit le Gamin.                                                                                                                                    – J’ai connu un type autrefois, dit Cubbitt, il a eu tellement la frousse qu’il s’est suicidé. Il a fallu renvoyer les cadeaux de noces.»

Graham Greene, Le Rocher de Brighton, 1947

« Après la débâcle, Gray s’effondra complètement. Pendant des semaines, il travailla au bureau jusqu’à minuit, et d’habitude, je l’attendais à la maison, morte de peur ; je craignais toujours qu’il ne se fit sauter la cervelle, tant il se sentait honteux. » 

William Somerset Maugham, Le fil du rasoir, 1947

« – Dites donc, demandai-je au rouquin, il y a eu beaucoup de suicides de juifs, lorsqu’on a appris l’arrivée des Allemands ? Il s’arracha à la contemplation du cadavre pour me répondre qu’en effet il y en avait eu pas mal. »

Léo Malet, Le Cinquième Procédé, 1947

« Le maître de cérémonie plaçait la famille sur un rang derrière le char funèbre, et, après un moment d’attente, on se mettait en marche vers le cimetière, car Eugène Malou qui s’était suicidé, n’avait pas le droit de passer par l’église. » 

Georges Simenon, Le Destin des Malou, 1947 

« De plus, on ne se suicide pas tout seul. Nul n’a jamais été seul pour naître. Nul non plus n’est seul pour mourir. Mais, dans le cas du suicide, il faut une armée de mauvais êtres pour décider le corps au geste contre nature de se priver de sa propre vie. »

Antonin Artaud, Vincent Van Gogh le suicidé de la société, 1947

« Eh bien ! voilà, Madame la Marquise,
Apprenant qu’il était ruiné,
A pein’ fut-il rev’nu de sa surprise,
Que M’sieur l’Marquis s’est suicidé. »

Paul Misraki, Tout va très bien, madame la Marquise, 1949

« Une nuit, un clown miteux se pendit dans un cirque qui allait de village en village, le long des routes du Nord et c’est en examinant les papiers trouvés dans sa valise que la gendarmerie apprit son identité. »

Georges Simenon, L’Amie de madame Maigret, 1950

« Je pris dans ma poche le couteau à légumes et m’appliquai à m’en ouvrir le poignet. »

Samuel Beckett, Molloy, 1951

« Sans l’idée de suicide, je me suis tué depuis toujours. »                                                                                 

Emil Cioran, Syllogismes de l’amertume, 1952

« La dépression possède sept tiroirs et au fond du septième se trouvent un couteau, un rasoir, un poison, une eau profonde et une chute vertigineuse. Je finis par être l’esclave de tous ces instruments de mort. Ils me suivent comme des chiens, ou c’est moi qui les fuis comme un chien. Et il me semble comprendre que le suicide est la seule preuve de la liberté de l’homme. »

Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, 1952

« Je m’installe dans une clairière où, enfin, le suicide est possible. Le jugement dépend de moi et me voici face à face avec ma mort. »

Jean Genet, Le balcon, 1956

« Monsieur Guy-Gontrand-Félicien De Dion
vous fait part de la mort de Monsieur Guy-Gontrand-Félicien De Dion,
décédé volontairement dans sa 29ème année,
privé des secours de Notre Sainte-Mère l’Eglise,
Le défunt sera enterré civilement
Ni fleur ni couronnes,
Remerciements posthumes à qui le dépendra. »

Stanislas-André Steeman, Impasse des boiteux, 1958

« Garde-toi de me pleurer. Ici il n’y a plus la moindre flamme à éteindre. » 

Gunnar Ekelöf, Le livre du suicide, 1959

« Comme ça à première vue, il semblait bien s’être collé un coup de revolver dans la tête. On voyait encore les traces de poudre sur sa tempe, seulement on n’a pas retrouvé l’arme… »

Charles Exbrayat, Chewing-gum et spaghetti, 1959

«  Il se sentit soudain très fatigué. De toute sa vie, il n’avait connu pareille lassitude ; il s’assit sur le rebord du lit, la tête entre les mains. Les hommes qui n’ont point la foi et qui se suicident, pensa-t-il, doivent se trouver dans cet état : n’ayant plus envie ni de bouger, ni de réfléchir, regardant couler la vie comme le vieux pêcheur à la ligne regarde couler une rivière où il sait qu’il n’attrapera plus rien. »

Jean Lartéguy, Les prétoriens, 1961

« – Maître, que pensez-vous d’un dieu qui se suicide ? – Je pense que c’est un dieu qui a le souci de sa perfection. – Mais encore qu’est-ce que la perfection ? – C’est précisément un dieu qui se suicide. »

Achille Chavée, L’éléphant blanc, 1961

« Laurent Montel avait absorbé une forte dose de somnifère, puis s’était endormi après avoir fermé toutes les fenêtres et ouvert en grand le robinet à gaz du chauffe-eau de la salle de bain. »

Michel Cousin, Mésentente cordiale, 1963

« Ne tombe jamais captif, même si tu n’as pas d’autre choix que la mort, dit le manuel du soldat nippon. N’oublie jamais que ta capture déshonore non seulement l’armée, mais aussi tes parents et ta famille qui ne pourront plus jamais marcher la tête haute. Garde toujours la dernière cartouche pour toi-même. »

John Toland, Banzaï, 1963

« On n’a jamais su la raison de son geste…Plus tard, Edgard m’a affirmé qu’il en est souvent ainsi avec les pendus…La plupart des suicidés prennent soin de laisser, par une lettre, une explication de leur décision…Pour les pendus, c’est rare… » 

Georges Simenon, Le Confessionnal, 1966

« Avez-vous jamais songé aux angoisses et aux malheurs que vos cartes ont causés ? Les gens défaillaient de frayeur en les trouvant, certains ont été arrêtés, et je sais de source sûre que quelqu’un s’est suicidé à cause d’elle… »

Hans Fallada, Seul dans Berlin, 1967

« Arrivé à destination, il se deshabilla, rangea tous ses vêtements dans sa voiture et n’emporta que son revolver. Il pataugea lentement dans la rivière, entouré de ces animaux qu’il aimait tant. Il marcha jusqu’à ce que l’eau eût presque atteint sa poitrine puis se tira une balle dans le cœur. Peut-être Babor espérait-il que les crocodiles le remarqueraient, mais ce ne fut pas le cas. »

Simon Wiesenthal, Les assassins sont parmi nous, 1967

« Il est difficile de vivre et de mourir en beauté, mais il est tout aussi difficile de mourir de façon profondément horrible, c’est là l’humaine condition. »

Yukio Mishima, Hagakure, 1967

« Dire que j’l’ai vue à la scierie hier à Bourg-les-Essonnes
Et qu’aujourd’hui Marie-Jeanne s’est jetée du pont de la Garonne. »     

Joe Dassin, Marie-Jeanne, 1967

« Je me revois debout sur la table, la corde au cou et le monde à mes pieds. Un petit monde bien étrange, à la fois truculent et violent fait de ce mélange curieux d’égoïsme et de chaleur humaine qui donne aux déshérités la misère la plus noire. » 

Robert Gurik, Le Pendu, 1967

« Rapidement, avec cette dextérité de chirurgien-barbier dont il s’était toujours fait gloire parmi les qualités plus prisées et plus incertaines du médecin, il se plia en deux, relevant légèrement les genoux, et coupa la veine tibiale sur la face externe du pied gauche, à l’un des endroits habituels de la saignée. »

Marguerite Yourcenar, L’œuvre au noir, 1968

« Ensuite, elle m’a dit qu’elle avait l’intention de se suicider parce qu’elle avait l’impression qu’un feu intérieur la consumait…C’est exactement l’impression qu’elle a employée…Qu’elle se consumait. »

James Hadley Chase, L’homme à l’affût, 1968

« Plus tard, Tania me demande de la protéger. Je lui tends une lame de rasoir Gillette extra-bleue. Après tout, j’ai couru au devant de ses désirs : elle se serait ennuyée en compagnie d’un gros vivant. Suicidée sournoisement pendant qu’il lui vantait le charme de la nature au printemps. »

Patrick Modiano, La place de l’étoile, 1968

« Il ne songeait pas néanmoins à mettre fin à ses jours, mais traînait, à longueurs d’années, une existence morne et résignée. On s’épuisait à lui trouver des raisons d’exister. » 

Yvan Audouard, Le Trésor des Alpilles, 1969

« Il a encore les deux mains crispées sur le manche d’un poignard japonais qu’il a eu le courage de se plonger dans le buffet. Il y a un foulard blanc autour de ce manche, un foulard maintenant rouge de sang. »

San-Antonio, Fleur de nave vinaigrette, 1969

« La tête de pont était tellement exigüe que sa presque totalité se trouvait dans le rayon d’efficacité des armes légères et que les mouvements à découvert de jour étaient synoymes de suicide. »

Geoffrey Jukes, Stalingrad, 1971

« Quand on a demandé à un philosophe romain ou à je ne sais plus qui, comment il voulait mourir, il a répondu qu’il s’ouvrirait les veines dans un bain chaud. Je trouvais ça facile de s’ouvrir les veines dans une baignoire, d’être allongée, et de voir la rougeur s’échapper de mes poignets, vague après vague dans l’eau claire, jusqu’à ce que je m’endorme sous une surface aussi écarlate qu’un champ de coquelicots. »  

Sylvia Plath, La Cloche de détresse, 1972

« Les Russes et les disciples des Russes ont démontré jusqu’à la nausée que rien n’est impossible : suicides par excès de bonheur, assassinats par charité, personnes qui s’adorent au point de se séparer pour toujours, traîtres par amour ou par humilité… »

Jorge Luis Borges, Préface pour Adolfo Bioy Casarès, 1973

« Je me suis voué maintenant aux larmes et au suicide. »

Adolfo Bioy Casarès, L’invention de Morel, 1973

« La nuit venait, elle empruntait la lumière. Elle avait commencé par emprunter quelques cents de jour, puis elle avait commencé à en emprunter des milliers de dollars. Bientôt il n’en resterait plus, la banque fermerait, les caissiers seraient renvoyés, le directeur de la banque se suiciderait. » 

Richard Brautigan, Le général sudiste de Big-Sur, 1975

« Cette obsession du suicide apparaît dans certaines familles, ce qui a pu faire penser sinon à une hérédité, du moins à la contagiosité de la pulsion mortifère. »

Louis-Vincent Thomas, Anthropologie de la mort, 1975

« Quelqu’un, l’autre jour, me parlait de De Staël : la roulette russe était pour lui une obsession et très souvent il conduisait de nuit le long de la Corniche à une vitesse terrible sur le mauvais côté de la route, exprès pour voir s’il pourrait éviter la chose ou ne pourrait pas l’éviter. Je sais bien comment on suppose qu’il est mort : que le désespoir l’a conduit à se suicider. »

Francis Bacon, Entretiens avec David Sylvester, 1976

« Le suicide est le dernier acte d’une rébellion »

Ulrike Meinhof, sur le mur de sa cellule, 9 mai 1976

«Décédée à la suite de l’injection d’une dose excessive de morphine. Freda Clay admet son erreur, affirmant que les douleurs de sa tante étaient devenues intolérables et qu’elle avait seulement cherché à les atténuer. »

Agatha Christie, Hercule Poirot quitte la scène, 1976

« Boule de feu, eau de feu. Un feu d’enfer. Le feu sacré. Un éclair de génie. Jeter de l’huile sur le feu. Jouer avec le feu. Se brûler la cervelle. »

Robert Bloch, L’Incendiaire, 1977

« J’ai vécu avec une femme et au bout de 48 heures, elle a décidé qu’on se séparerait d’un commun accord. Alors, j’ai pas bien supporté. J’ai même essayé de me suicider. J’ai mis l’Adagio d’Albinoni, j’ai avalé deux tubes de laxatifs et puis hop ! j’ai perdu 16 kilos et ma moquette ».

Michel Blanc, Les Bronzés, 1978

« Le docteur Kohn, qui s’était montré le membre du conseil le plus coopérant avec les Allemands, s’était suicidé en absorbant une capsule de cyanure le lendemain du jour où Hoefle, le commandant S.S., porta le chiffre quotidien de six mille à sept mille personnes. »

Gerald Green, Holocauste, 1978

« En composition française, on demande aux candidats de relater les impressions qu’ils ont éprouvées en voyant à la télévision ou au cinéma des scènes de guerre ou de violence, tels qu’accidents de la route, émeutes, suicides. »

Gilles Perrault, Le Pull-over rouge, 1978

« Ou comme le Montherluche qui s’en est filé un coup dans la poire, poum !, tant il cabrait devant la vieillesse ; ou encore comme l’Hemingway idem, poum, poum ! Descendez on vous demande. C’est l’heure de la grande roupille. »

San-Antonio, Tire m’en deux, c’est pour offrir, 1979

« D’un mouvement lisse et vif, Jordan saisit le pistolet dans sa main droite. Il était d’une lucidité glaciale. Et puis, avec la même aisance et la même vivacité avec laquelle il avait distribué ses fabuleuses vingt-quatre donnes gagnantes au baccara, il appuya le canon dans le creux tendre de son cou et pressa la détente. »                                 

Mario Puzo, C’est idiot de mourir, 1979

« Où sommes-nous au juste ?                                                                                                                     
A Hampstead.                                                                                                                                            
Ah bon ? C’est là où le taux des suicides est le plus élevé dans la région londonienne.
– Tiens ? Je ne savais pas.
– J’ai lu ça quelque part dans des statistiques. Et le dimanche est le jour de pointe. »

George Markstein, Espion, lève toi ! 1979

« De nombreux amateurs étaient venus comme lui cet après-midi-là au Rond-Point de la Défense à Paris pour visiter le Salon mondial du Suicide ; mais il semblait que la plupart d’entre eux y apportaient un tout autre esprit que le sien. »

Sarane Alexandrian, Le Déconcerto, 1980

« Soit, Seigneur, j’assumerai la honte jusqu’à la lie, jusqu’à l’hallali ! Rendrai mes décorations, toutes, de la plus noble à la plus insignifiante ; je démissionnerai de mes fonctions, des sociétés auxquelles j’appartiens. Je me logerai ensuite une balle dans la tête, Seigneur. Et deux même si la première ne suffit pas à m’ôter ma méprisable vie, si condamnée, si pourfendue, si souillée que j’en suis pourri avant que d’être mort. »

San-Antonio, Baise-ball à La Baule, 1980

« Les suicides ne commenceraient pas avant la veille de Noël, puis ils se calmeraient un peu jusqu’à la veille du Nouvel An, où il y aurait une autre poussée. Miscolo, du Service Administratif, avait signalé en passant que la pleine lune tombait la veille du jour de l’An. La pleine lune augmenterait le nombre de suicides. Les jours fériés et les pleines lunes, ça ne loupait jamais. »

Ed McBain, Un poulet chez les spectres, 1981

 « Elle attendait un enfant, dit-il. Et les femmes enceintes – dans l’état mental de Marie – sont fréquemment poussées à l’autodestruction. »

Robert Bloch, L’éventreur, 1983

«  En réalité ça fait quatre-vingt-quatre ans que je me suicide et qui peut garantir que je ne me suis pas déjà suicidé ? Un autre Borgès s’est suicidé. »

Jorge Luis Borgès, interview, 1983

« J’ai cent raisons de ne pas me suicider, mais aucune de survivre ».

Raymond Cousse, Le Dilettante, 1986

« Il se dirigea directement vers le lavabo. Il préleva une lame de rasoir dans le paquet de Gillette, déplia le papier de protection et, calmement, le visage impassible, il se taillada les veines des poignets. Le sang inonda la porcelaine blanche et s’égoutta sur le sol, formant bientôt une large flaque dans laquelle le caporal s’écroula. »

Didier Daeninckx, Le Bourreau et son double, 1986

« La plupart des lettres émanaient de suicidés qui s’étaient ratés, soit par maladresse, soit parce qu’au dernier moment ils s’étaient dégonflés. Cependant, aucun d’entre eux ne lui fournissait une raison vraiment indiscutable de rester en vie. »

Thomas Pynchon, Vente à la criée du lot 49, 1987

« Le suicide est également une façon de tuer le temps. »

Marcel Mariën, La Licorne à cinq pattes, 1987

« Le prêtre marqua une pause, puis reprit : – Tuer un être humain est l’un des crimes suprêmes. Seul le suicide le dépasse. » 

David Morrell, Les Conjurés de la pierre,  1987

« Il s’est suicidé. – O’Bannon ? – Ouais. Je ne veux pas dire que c’est lié, maigrir, boire de l’eau gazeuse et se suicider. Avec la vie qu’on mène et ce qu’on voit, je te le dis, si un flic se fourre le canon de son arme dans la bouche, on n’a pas besoin d’explication. Tu comprends ? ».

Lawrence Block, Le blues des alcoolos, 1987

« Le triste registre d’appel des vrais suicidés de l’expressionnisme abstrait ? Le voici : Gorky, pendaison, 1948 ; Pollock et, presque tout de suite après, Kitchen, conduite en état d’ivresse et pistolet, 1956…et pour finir Rothko, couteau, travail salopé comme c’est pas possible, 1970. »

Kurt Vonnegut, Barbe Bleue, 1987

« – Un mec se met un flingue dans la bouche au lieu de le mettre contre sa tempe pour la bonne raison que c’est la seule méthode sûre. Ça remonte droit dans le cerveau. » 

Dorothy Uhnak, La mort est un jeu d’enfants, 1989

« Fisher a posé le sac à main sur la table et il a contourné la table pour embrasser sa femme sur la joue. Ensuite il est retourné au sac. Il a sorti le pistolet et il a tiré sur Lola. Elle a hurlé en tombant de sa chaise. Pendant ce temps-là, Fisher s’en est tiré une giclée à travers la tempe. »

James Ross, Une poire pour la soif, 1989

« – Commissaire, ne serait-ce pas un suicide forcé ? dit un inspecteur, sans chercher à dissimuler son accent.
Non, leurs vêtements ne sont pas en désordre et il n’y a pas trace de lutte. Ils étaient donc bien d’accord tous les deux pour mourir par absorption de cyanure. »

Seichô Matsumoto, Tokyo Express, 1989

« Ils étaient après lui. Il se cachait à Kiev sous un faux nom. Les salauds du centre l’ont coincé. Comme il savait ce qui l’attendait, il s’est jeté par la fenêtre du treizième étage. »

Gérard de Villiers, KGB contre KGB, 1992 

« Vines contemplait fixement la lithographie quand l’inspecteur de la criminelle se mit à décrire en espagnol comment le mort s’était manifestement fourré dans la bouche le vieux colt 45 semi-automatique et avait pressé la détente dos veces. Doutant soudain de son propre espagnol habituellement convenable, Vines avait avancé une traduction hypothétique : « Deux fois ? »

Ross Thomas, La quatrième Durango, 1992

« Sa publication, dont il ne serait jamais témoin, devait pousser au suicide une demi-douzaine d’hommes haut placés, provoquer la ruine d’innombrables de leurs pairs, et la totale réorganisation de l’administration et des servides de la police, ceci non seulement dans cette ville mais dans un nombre important d’autres grandes villes du pays. »

Armitage Trail, Scareface, 1992 

« Le test taxonomique – qu’on appelait couramment  test des tendances suicidaires – avait fourni une réponse positive. »

James Patterson, Le Masque de l’araignée, 1993

« Ils m’ont annoncé que je n’en avais plus que pour six mois ou un an. Alors je me suis dit : bon, jamais je ne tiendrai le coup. Jamais je ne pourrai m’y faire. Jamais je ne pourrai m’atteler à mon gros bouquin sur les nomades…Vois pas comment j’pourrais mettre en forme toutes mes notes…et jamais je n’accepterai de me voir dépérir, grignoté dans ma tête, en foirant partout. Alors je suis allé à Genève. Je connais un endroit dans les Alpes qui me hante l’esprit, un à-pic extraordinaire, tout près de la Jungfrau. Je voulais me jeter dans le vide. »

Bruce Chatwin, Entretien, 1993

« Des yeux bleu pâle me dévisageaient à l’abri d’une broussaille de sourcils roux, et son sourire délabré aurait poussé au suicide le dentiste le plus optimiste. »

Peter Mayle, Une année en Provence, 1994

« Le soir, il avait peur de s’endormir. Pendant la journée, il ne supportait pas de voir les ombres se déplacer dans une pièce ensoleillée. A la fin, il s’est tiré une balle dans la bouche avec son revolver d’ordonnance. »

Daniel Easterman, Le nom de la bête, 1994

 « C’est saisissant ces gisants marmoréens qui ressemblent à des couvercles de sépulcre. Cela me fait penser à ces suicides collectifs de gens appartenant à des sectes qui ont bouffé leur esprit après leurs éconocroques ».

San-Antonio, Turlute gratos les jours fériés, 1995

« Le prêtre haussa les épaules. – Duket s’est suicidé et a été traité en conséquence. L’assistant du shérif l’a fait traîner, attaché par les pieds, sur une peau de bœuf jusqu’à la fosse commune en dehors des murs, et l’y a fait enterrer. C’est le sort habituel réservé à tous ceux qui commettent un tel acte. »

Paul C. Doherty, Satan à St-Mary-le-Bow, 1996

« Oh, je sais, dans le temps, on disait que ceux qui menacent de se tuer ne passent jamais à l’acte, mais c’est de la foutaise. C’est même carrément l’inverse. Pense à Sylvia Plath, à Virginia Woolf, à Anne Sexton…Aucune n’en était à son premier essai. Plath a même écrit un poème sur un de ses suicides ratés, si tu te souviens bien. »

Amanda Cross, Une mort si douce, 1996

Est-ce que le monde après des années de solitude, peut devenir à ce point insupportable ? Est-ce qu’on préfère se tuer plutôt que de sortir du cloître, de l’ermitage, et de retourner dans le monde ? »

Bernhard Schlink, Le Liseur, 1996

« Mon père, pris au piège d’un mauvais mariage, amoureux d’une autre femme maléfique, s’est tiré une balle dans la tête avant que j’arrive à l’adolescence. Ma mère s’est pendue avec sa culotte grande taille, lors d’une cure d’amaigrissement en Arizona lorsque j’étais adolescent, pendant la guerre de Corée. » 

James Crumley, Les serpents de la frontière, 1997

« – Il s’est suicidé.
Comment ?
Sa voiture était dans un garage dont il avait fermé la porte. Il s’est installé au volant et il a laissé tourner le moteur. Ça ou autre chose d’ailleurs, qu’est-ce que ça peut faire ?
– Evidemment. Je me demande toujours comment s’y prennent les gens, c’est tout. Vous savez, les docteurs qui veulent mettre fin à leurs jours se servent presque toujours d’armes à feu. Pourtant, ils auraient les moyens de faire ça le plus simplement, le plus proprement du monde avec une overdose de morphine ou autre chose dans le genre, mais non, ils préfèrent se faire sauter la cervelle et tout saloper. »

Lawrence Block, Tuons et créons, c’est l’heure, 1997

« Elle m’a fait promettre que si un jour elle était paralysée, je lui donnerais ce qu’il faut pour mourir. J’ai promis. Quand elle est morte, elle était hospitalisée dans un centre spécialisé. Elle avait une maladie d’Alzheimer, ou une démence du même genre. Elle n’était plus en mesure de demander qu’on la tue. » 

Martin Winckler, La Maladie de Sachs, 1998

« Il faut se suicider jeune quand on veut profiter de la mort ».

Pierre Dac, Arrières pensées et maximes inédites, 1998

« Son cas l’intriguait. Il était certes courant qu’un chercheur prenne une année sabbatique pour aller travailler dans une autre équipe en Norvège, au Japon, enfin dans un de ces pays sinistres où les quadragénaires se suicident en masse. »

Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires, 1998

« Cela lui épargna une vision de cauchemar : en une fraction de secondes, en même temps qu’éclatait le coup de feu, la tête du suicidé se projeta violemment de côté, transpercée de part en part, et, d’un orifice situé juste au-dessus de l’oreille gauche, jaillit un filet de liquide rougeâtre. »

Boris Akounine, Azazel, 1998

« La télévision était allumée. Son père, assis dans un canapé, lisait son journal. Les images d’un documentaire défilaient sur l’écran. Maryse, son nounours dans les bras, suçotant son pouce, s’était soudain arrêtée de chantonner en contemplant l’homme qui brûlait au beau milieu de la rue. Un bonze vietnamien qui venait de s’asperger d’essence et se consumait, assis en tailleur, sous le regard effaré des passants. »

Thierry Jonquet, Moloch, 1998

« Au moins  je ne vais pas me trancher la gorge tout seul, poursuivit-il en utilisant la susdite gorge pour écluser encore du vin. »

Donald Westlake, Moi, mentir ? 1998

« Elle est de la race de ceux – il y a dû y en avoir dans sa lignée – qui, à bout de nerfs et de courage, pointent le fusil contre les huissiers qui viennent saisir leur ferme…Quitte à se faire ensuite eux-mêmes sauter le caisson ! »

Madeleine Chapsal, L’Indivision, 1999

« Pan fait la carabine quand J.-F. se loge une balle entre les yeux. 
Je le ramasse, il est tout chaud, je ne peux plus rien pour lui. 
Je suis tout nu. » 

Camille De Taeye, Le ciel est bien dégagé derrière mes oreilles, 2000

« Le Roi Suicide, dit-il. Bizarre, comme les images apparaissent toujours du côté adéquat. Oui, c’était bien ça – le roi de cœur qui se poignardait curieusement la tempe. Le Roi Suicide. » 

Dennis Johnson, Déjà mort, 2000

« Au temps de la Cambre, j’étais monté avec Pierre Alechinsky chez Raymond Cossé qui habitait au coin de la rue de la Paille. Son suicide, demeure un mystère. »

Michel Olyff, Conversation avec Ben Durant, 2000

« Par exemple, dès leur première rencontre il lui avait clairement fait comprendre qu’il aimerait bien coucher avec elle, mais il était également clair qu’il ne se suiciderait pas si elle refusait, alors que la plupart des hommes de sa connaissance juraient qu’ils allaient se suicider si elle refusait, et ensuite, ils revenaient sur leur parole. »

Donald Westalke, Au pire, qu’est-ce qu’on risque ? 2001

« L’auteur l’avait écrit avec la flamme de l’écrivain, et s’était suicidé en apprenant que son manuscrit était refusé partout. Quand sa mère parvint à le faire lire par un éditeur, l’ouvrage fut un succès énorme couronné par le Pulitzer. »

Maxime Chattam, L’âme du mal, 2002

« A Singapour, on a rasé le vieux quartier chinois pour construire des tours d’une hauteur vertigineuse et « offrir » aux gens des habitations modernes et salubres : le taux de suicide a grimpé aussi vite que ces bâtiments. »

Fabienne Verdier, Passagère du silence, 2003

« Une passerelle circulaire offrait une vue sur l’ensemble de la ville. Trois des côtés étaient tendus d’un fin grillage destiné à décourager les candidats au suicide, tandis que le côté sud était fermé par une paroi de Plexiglas. »

George P. Pelecanos, Liquidation, 2003

« Il est difficile d’expliquer les motifs qui poussent les artistes au suicide ».

Bachir Mefti, La Dernière nuit d’un siècle déchu, 2003

« L’orateur dépeignit le fabuleux spectacle : dans le doux vent du soir, cinquante montgolfières s’élèvent au-dessus de la côte. Dans chaque nacelle se tient une demi-douzaine de kamikazes. La flottille prend de l’altitude, poussée par la brise vers le soleil couchant. La sombre terre finlandaise s’éloigne avec tous ses maux. La vision est féerique, l’atmosphère céleste. Au large, les suicidaires voguant vers la mort entonnent un dernier psaume qui monte jusqu’aux confins de l’univers tel le chœur des anges. Des nacelles des ballons, ils tirent des feux d’artifice, certains dans leur enthousiasme, sautent à l’eau. Enfin ayant épuisé son carburant, la funeste escadrille s’abîme majestueusement dans la houle infinie de la mer, en une victoire définitive sur les malheurs de ce bas monde… »

Arto Paasilinna, Petits suicides entre amis, 2003

« Qui pourrait imaginer que parfois elle se laisse aller à des idées suicidaires ? Une seule la retient de commettre cet acte impensable : sa conviction que le suicide est le péché le plus égoïste qui soit. »                                                                                                                                          

Patricia Cornwell, Baton rouge, 2003

« Un soir, elle rentra chez elle et s’enferma dans la salle de bains. Debbie, trouvant qu’elle y restait un peu trop longtemps, entrouvit la porte, pour constater que son instinct ne l’avait pas trompée : Karen tenait une lame de rasoir contre son poignet. »

Ann Rule, Jusqu’à ton dernier souffle, 2004

« Chaque fois qu’une de ces crises se produisait, elle s’enfermait dans sa chambre, au fond de l’appartement, pleurait des jours durant et jurait qu’elle allait se suicider avec de la mort-aux-rats ou avaler une bouteille d’eau de javel. » 

Carlos Luis Zafon, L’Ombre du vent, 2004

« Encore un suicide. Il y avait une tache sombre sur le quai. On aurait dit un trou noir. En réalité, il s’agissait d’un long manteau. Celui du suicidé. Siobhan descendit l’escalier pour rejoindre le hall de gare. Des passagers attendaient le train couchette pour Londres. Une femme pleurait. L’un des chauffeurs de taxi avait retiré sa veste pour recouvrir la partie supérieure du corps. »

Ian Rankin, Du fond des ténèbres, 2004

« En face d’un gratte-ciel de la Troisième Avenue le trottoir est craquelé près d’une bouche d’incendie – c’est là qu’une adolescente qui venait de rompre avec son copain a sauté dans le vide, revêtue de la robe de soirée qu’elle portait pour le bal de fin d’année, un chapelet autour du cou. On avait lavé le sang depuis longtemps, et pourtant je savais que ces rainures dans le béton étaient dues à la puissance de l’impact : elle était tombée du vingt-quatrième étage. »

Ed Dee, Pas d’erreur sur la personne, 2004

« Je me demandais seulement, monsieur, si tous les suicidés ont une telle expression de surprise sur le visage, comme s’ils s’étaient attendus à autre chose. »

Stuart Palmer, L’énigme du persan gris, 2004

« Votre cravate est très laide. Je n’en voudrais même pas pour me pendre. »  

Franck Thilliez, La Chambre des morts, 2005

« Karen soupira et tapota la poche de sa veste dans l’espoir d’y trouver une pastille de menthe. Depuis qu’elle avait arrêté de fumer, au premier de l’an, elle pratiquait le suicide dentaire. » 

John Harvey, De cendre et d’os, 2006

« Le samouraï ne pouvait pas honorer sa promesse. Or, pour un samouraï, une promesse est la chose la plus importante qui soit. Son honneur compte plus que sa propre vie. Le samouraï se fit donc hara-kiri et, devenu un esprit, parcourut les mille li qui le séparaient de la demeure de son ami. Ils parlèrent tout leur content en contemplant les chrysanthèmes, puis l’esprit disparut de la surface de la terre. »                                                                                                                                                                       

Haruki Murakami, Kafka sur la plage, 2006                   

« Le suicide, bien entendu reste une option. Mais à vrai dire, le suicide me tente peu. J’y ai, cela va de soi, longuement songé ; et si je devais y avoir recours, voici comment je m’y prendrais : je placerais une grenade tout contre mon cœur et partirais dans un vif éclat de joie. Une petite grenade ronde que je dégoupillerais avec délicatesse avant de lâcher la cuiller, en souriant au petit bruit métallique du ressort, le dernier que j’entendrais, à part les battements de mon cœur dans mes oreilles. Et puis le bonheur enfin, ou en tout cas la paix, et les murs de mon bureau décorés de lambeaux. »

Jonathan Littell, Les Bienveillantes, 2006

« Mourir, ça doit être un délicat passage, une glissade ouatée vers le repos. Il y a des gens qui se suicident en se jetant par la fenêtre du quatrième étage ou bien en avalant de la Javel ou encore en se pendant ! C’est insensé ! Je trouve même ça obscène. A quoi ça  sert de mourir si ce n’est à ne pas souffrir ? Moi, j’ai bien prévu ma sortie : depuis un an, tous les mois, je prends un somnifère dans la boîte sur le chevet de ma mère.»

Muriel Barbery, L’élégance du hérisson, 2006

 « Puis Julian LaSalle escalada la rambarde du balcon et, pareil à une grue blanche géante, prit son envol au-dessus des tramways, du flot de voitures et de palmiers éclairés de néon sur le terre-plein central, douze étages plus bas. »

James Lee Burke, Jolies Blon’s Bounce, 2006

« Jens Andreas Hauge donna un rapide coup de son couteau, en travers de son poignet gauche. Sans émettre un seul son, il passa rapidement l’arme dans son autre main et se trancha impitoyablement le poignet opposé. »

Gunnar Staalesen, Le Roman de Bergen, 2006

« Il avait grimpé dans l’arbre et attaché une grosse corde à l’une des branches supérieures, tout près du tronc. Puis il avait passé le nœud coulant autour de son cou et avait sauté. Il pendait à présent comme une ombre dense entre les branches tordues, une vrille flétrie de l’an passé, trop grosse pour les branches minces. »

Gunnar Staalesen, Le Roman de Bergen II, 2006

« Shinjû : le double suicide pouvait s’imposer aux amants dès lors qu’il s’agissait de concilier et l’amour (univers flottant, à la limite du rêve) et l’estime des autres (qui ancre les individus dans la réalité quotidienne). » 

Kazuhiko Yatabe, 2007

« C’est l’histoire d’un type très déprimé qui décide de se faire sauter la cervelle mais doit attendre cinq jours le flingue qu’il a commandé à cause d’un problème d’ordinateur. »

Hubert Selby Jr., Waiting periods, 2007

« Peu après la Révolution culturelle a éclaté. Son beau-père est mort. Son mari s’est suicidé, ce qui était un délit grave contre le parti, et, après sa mort, il a été condamné à ce titre. »                     

Qiu Xiaolong, De soie et de sang, 2007

« Le nœud coulant enserrait encore très fort son cou. On voyait une chaise renversée à un mètre de sa tête. Il n’y avait aucun signe de vie sur son visage ni dans ses yeux éteints. »

Äke Edwardson, Chambre numéro 10, 2007

« Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable ».

Nicolas Sarkozy, entretien dans Philosophie magazine, 2007

« Elle espérait seulement ne pas terminer comme lui, submergé par le désespoir au point de se suicider. Lorsque son père s’était donné la mort, elle n’était encore qu’un bébé, et elle avait toujours souffert de son absence, même si elle n’en parlait pas beaucoup. »

Amanda Stevens, La Poupée brisée, 2008

« Avait-il pensé aux suicides virils des Romains de l’Antiquité, à celui de Rommel ? »

Bill James, Mal à la tête, 2008

« L’impact lui rejeta la tête en arrière et expédia une giclée de sang sur la porte du réfrigérateur. Son arme tomba entre ses jambes étendues sur le sol en ciment. Dans le suicide, il avait adopté la même position que son amante qu’il venait juste de tuer. »

Michael Connelly, A genoux, 2008

« Pour Ingeborg, au contraire ces femmes, qu’elle disait connaître, n’étaient que des joueuses, plus ou moins comme les joueurs de carte qui finissent par se suicider au petit matin, ou comme les habitués des hippodromes, qui finissent par se suicider dans des chambres de pension bon marché ou d’hôtels perdus dans des ruelles uniquement fréquentées par des gangsters ou par des Chinois. »                                                                         

Roberto Bolano, 2666, 2008

« C’est aussi pour cela qu’un suicide ne me suffit pas : il me faut inclure dans ma destruction un bon nombre d’humains ainsi que l’une des réalisations qui font l’orgueil de cette race. »

Amélie Nothomb, Le Voyage d’hiver, 2009

« Elle voyait un thérapeute depuis presque un an mais ça ne l’a pas beaucoup aidée. Il m’a assuré qu’elle allait mieux une semaine avant qu’elle n’appuie sur la détente. »

John Hart, La Rivière rouge, 2009

« Les Suicides étaient une corvée redoutée de la Judiciaire. Pas un service à proprement parler, mais une partie du boulot qui avait une tendance naturelle à se séparer des autres tâches. Chaque suicide supposé faisait l’objet d’un rapport, confirmant ou infirmant les faits. »

Antonin Varenne, Fakirs, 2009

« Le salon était vide et peint en gris. Sur l’un des murs, il y avait une grande toile de Gerhard Richter. Un paysage mortifère et somptueux. Une invitation au suicide ou au sommeil. »

Franz-Olivier Giesbert, Le Lessiveur, 2009

« Le téléphérique a été construit pour l’Exposition universelle et est doté des derniers progrès de la technique. Sa sécurité est garantie à tout moment. Dès le début du parcours, cette porte qui ne peut s’ouvrir que du dehors restera bloquée pour éviter les accidents ou, ce qu’à Dieu ne plaise, les tentatives de suicide. Bien entendu, avec vous, mes révérends pères, il n’y a pas de danger. » 

Carlos Ruiz Zafon, Le Jeu de l’ange, 2009

« L’homme gisait dans le coin aveugle de la cellule. Le dos contre le mur, les bras abandonnés sur ses genoux, les jambes écartées. La bouche imprégnée de sang. Un puits noir entourait le corps. Pour se tuer, il avait utilisé le moyen le moins traditionnel. Alexander s’était arraché la chair des poignets à coups de dents, et il avait attendu de mourir par hémorragie. »

Donato Carrizi, Le Chuchoteur, 2010

« L’expérience montrait que les suicides étaient parfaitement imprévisibles et indépendants des conditions financières du foyer. Ils suscitaient souvent la plus grande des surprises. »

Arnaldur Indridason, Hypothermie, 2010

« Hanna a dit qu’elle se suiciderait, si elle se retrouvait comme ça, abîmée par le feu. »

Roberto Bolano, Le Troisième Reich, 2010

« J’ai cherché des raisons de ne pas me tirer une balle dans le crâne. »

Dennis Lehane, Moonlight Mile, 2011

« Avant de rencontrer Hans, j’étais tellement déprimée que j’envisageai sérieusement le suicide. Puis je me suis dit que personne ne s’en soucierait de toute façon. Ce n’était même pas la peine. »

Maria Ernestam, Les Oreilles de Buster, 2011

« A sept heures tapantes, je recevais un pompier de Washington veuf depuis peu, partagé entre ses devoirs de soldat du feu, ses obligations de père et le sentiment croissant que sa vie n’avait plus de sens, ce qui le conduisait à songer au suicide tous les jours. »

James Patterson, En votre honneur, 2011

« Benzel n’était pas le premier vétéran du Vietnam à se mettre une balle dans la tête. Et, comme tous ceux qui étaient passés par là où il était passé, il était le candidat idéal au suicide. »

Thomas Bronnec, La Fille du Hanh Hoa, 2012

« La pluie avait repris et ses gouttes dodues s’écrasaient sur le pare-brise comme des meutes de suicidaires passant à l’acte. »

C.J. Box, Piégés dans le Yellowstone, 2013

« Des cygnes et des barques à fond plat font l’aller-retour de la rive du lac à un rocher surmonté d’un dôme. On a fermé le pont qui y mène : trop d’amoureux éconduits ont fini écrasés sur le fond cimenté du lac profond de quelques centimètres. » 

Ivan Alechine, Oldies, 2015

« Si je ne pars pas d’ici, un jour, je sauterai par la fenêtre ou je prendrai tous mes médicaments en même temps, comme le pauvre bougre qui occupait ma chambre avant. »

Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles, 2015

« Chez l’Homo Sapiens, pour des raisons neurologiques encore mal éclaircies, trois heures du matin ont toujours été l’heure de la terreur la plus noire, l’heure du suicide. »

Nancy Huston, Le Club des miracles relatifs, 2016

« Quant à Judas, le sens de sa vie, sa raison d’être, volait en éclats sous ses yeux horrifiés. Comprenant qu’il avait provoqué de ses propres mains la perte de l’être qu’il aimait et admirait, il s’éloigna et alla se pendre. »

Amos Oz, Judas, 2016

« Au moment de l’inauguration du pont du Bosphore en 1973, nous y étions restés trois beaux après-midis ensoleillés et avions fait de très bonnes ventes, mais après cela on ne nous a jamais plus autorisés à passer sur le pont, désormais « interdit aux vendeurs » – de même qu’il serait interdit plus tard aux piétons à cause de plusieurs suicides. »

Orhan Pamuk, Cette chose étrange en moi, 2017

« Le suicide, c’est quand on divorce de soi. »                                                             

Les Coleman, Brève histoire de l’igloo africain,  2017

« A ce moment-là, le Dr Tokai avait déjà abandonné tout désir de vivre. Il avait clairement décidé de mener à terme sa propre dissolution. Aucune tentative ni aucune injection nutritive n’aurait pu enrayer ce processus. » 

Haruki Murakami, Des hommes sans femmes, 2017

« L’air lui manque mais il ne se débat pas. Elle l’agrippe de toutes ses forces, avec ses bras, ses jambes, elle serre puisque c’est ce qu’il demande. Jusqu’au bout…Elle reprend tout entier ce fils colère, elle le serre pour sentir son dernier souffle. »

Laurent Gaudé, Salina, 2018

« Une rumeur de hall de gare, matelassée d’échos : si Dieu parlait dans l’abbatiale, il serait inaudible, comme à la gare du Nord l’annonce d’un suicide sur une ligne. » 

Christian Bobin, La nuit du cœur, 2018

« Un autre désir fantasmatique, pas si absurde. Prendre le flingue à sa ceinture, se le coller bien profond. Se faire sauter la cervelle, ici, sur le macadam. Et qu’ils avalent ça. »

Tim Willocks, La Mort selon Turner, 2018

« Vingt-quatre heures plus tard, juste après une averse modérée, un garde forestier tomba, dans la forêt de Kasten, sur une corde enroulée autour d’une branche à laquelle était suspendu mon professeur d’hébreu, trois mètres au-dessus d’un tapis de campanules bleues. » 

Chris Kraus, La Fabrique  des salauds,  2019

« Que Dieu me vienne en aide, murmure Evelyn dans la nuit. Des larmes ruissellent sur ses joues, elle pointe le pistolet sur son ventre et appuie sur la détente.»

Stuart Turton, Les sept morts d’Evelyn Hardcastle, 2019

« et, si son mari ne lui avait pas trouvé quelques travaux de traduction, elle aurait fini sa vie sous antidépresseurs, elle aurait continué à arborer un sourire factice et à affirmer publiquement que sa vie était fantastique, qu’elle était une mère et une épouse comblée jusqu’au jour où elle se serait pendue dans la cave de leur petit pavillon de Friendship Heights. »

Karine Tuil, Les Choses humaines, 2019

« On retrouva le jeune homme au matin près de la décharge à la périphérie de la ville, allongé sur les détritus, un pistolet en main et le crâne explosé par l’impact d’une balle de 9 mmm. Mario tenait l’arme de la main droite et il était gaucher. Lynch, l’homme de loi à la botte de Joyce, classa l’affaire en suicide. »

Franck Bouysse, Buveurs de vent, 2020

« La ville, dans sa grande sagesse, coupait la climatisation le week-end dans tous les immeubles gouvernementaux. En août. Avec des fenêtres qui ne s’ouvraient pas afin d’éviter que quelqu’un se jette dans le vide pour le seul plaisir de sentir la caresse du vent sur son visage tout en dégringolant vers la mort. »

Karin Slaugther, La Dernière veuve, 2020

« C’était une lettre de quelqu’un qui perd la tête, qui va se suicider, qui prétend que tout le monde lui en veut, enfin qui va très mal. »

Christian Boltanski, Récits, 2021

J’eus envie de me pendre. Avoir quinze ans s’avérait affreux. »

Amélie Nothomb, Premier sang, 2021

La veille, elle a lu un article glaçant sur un père de famille au chômage qui s’est jeté du sixième étage, en prenant soin de laisser sur le rebord de la fenêtre son bien le plus précieux – sa montre. Grâce à la délicatesse du suicidé, son épouse, mère de six enfants a pu régler son loyer pour quelques semaines seulement. »

Yseult Williams, On l’appelait Maïco, 2021

« C’était la première fois que Paul voyait un pendu, même plus généralement un suicidé, et il s’était attendu au pire. Le visage de son frère n’était ni congestionné ni bleuâtre, sa couleur était en réalité presque normale. Il était certes un peu convulsé, grimaçant, mais en réalité pas tant que ça, sa mort ne semblait pas avoir été très douloureuse. »

Michel Houellebecq, Anéantir, 2022

« Je vis, à cette époque, à une centaine de mètres de cet appartement, dans un studio dont j’ai vidé, quelques semaines plus tôt, l’armoire à pharmacie. J’ai avalé tous les médicaments qui me tombaient sous la main, avant de téléphoner à l’une de mes plus proches amies pour lui annoncer ce que je venais de faire. »                                                                                                                                                           

Monica Sabolo, La vie clandestine, 2022

« L’émission pourrait s’appeler « Je ferais mieux de me suicider ». Il rit tout seul. C’était une excellente idée, même si un programme de téléréalité de ce genre ne manquerait pas de susciter la controverse. Les gens devenaient tellement bizarres dès qu’on leur parlait de suicide. »

Jussi Adler-Olsen, Sel, 2022

« Ma mère, un jour, a voulu se balancer par la fenêtre. C’était après la guerre, une belle soirée de printemps, la fenêtre était ouverte, les hirondelles rasaient le sommet des arbres. » 

Bertrand Blier, Fragile des bronches,  2022

«  Il se trouvait à une dizaine de mètres. Il vit le corps tomber, entendit le choc contre le trottoir et, par réflexe, leva les yeux. Un chapeau était en train de tomber, porté par le vent. » 

Robert McAlmon, Bande de génies, 2024

« …où déambule Asi, le professeur d’islandais, depuis qu’il a disparu un jour de printemps sans laisser de traces. Il n’est pas rentré chez lui, on l’a trouvé là, dans ce couloir de ténèbres, pendu à une corde, lorsque l’école a réouvert. Il commençait à sentir mauvais. Depuis, Asi erre dans les couloirs sombres et s’en prend à tous ceux qui passent par là. » 

Jon Kalman Stefansson, Mon sous-marin jaune, 2024

« Au fond, j’ignore ce que je pense du suicide, je n’y ai jamais réfléchi. Juste quelques idées abstraites que je suis incapable de plaquer sur Vincent, je n’ai devant les yeux que l’image de son corps qui s’avance et s’enfonce dans l’eau, son corps qui disparaît en ne me laissant rien sinon le sentiment amer que cette fois, nous nous sommes manqués, que je n’ai rien su deviner ou bien c’est lui qui a tout fait pour nous donner le change, mais le résultat est le même. »  

Gilles Moinot, Vincent disparaît,  2024